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La vie au long court se fait surtout au
mouillage et peu au large. Mais si l'on s'accommode de certains défauts
lorsque le bateau est à plat dans un environnement plaisant,
il faut éviter le plus possible les emménagements peu
fonctionnels en mer source de fatigue, de mal de mer et d'ennuis parfois
plus grave lorsque tout devient hostile.
En mer on vit plutôt à l'intérieur, souvent allongé,
ou à l'abri.
Au mouillage l'intérieur sert surtout à faire la cuisine
et à dormir, le cockpit devient la pièce à vivre.
Il faut pouvoir aller à l'eau facilement, embarquer et débarquer
de l'annexe sans contrainte, même chargé avec le sac
de provision.
Mes idées sur les aménagements pour la vie en mer
:
· Une descente confortable et sure où l'on peut rester
assis en surveillant la mer, à l'abri d'un pare-brise ou
d'une capote. Surélevée du fond du cockpit pour rester
étanche en cas de grosse vague balayant le bateau par l'arrière.
· Le poste de navigation à proximité de la
descente pour rapidement accéder à la carte et au
instruments de positionnement et de surveillance; GPS, radar, etc..
· Si possible une couchette de mer pour s'étendre
entre deux tours d'horizon. Il est possible de dormir 10 à
20 mn avec un minuteur de cuisine et ainsi d'accumuler du sommeil
réparateur. (dans les zones à faible risque de collision)
Nous le faisions sur le plancher au pieds de la descente avec un
coussin du carré.
· Des allures de près jusqu'au vent de travers, les
zones de vie en avant du pied de mat sont quasi inutilisables car
trop soumises aux mouvements de tangages du bateau, il ne faut avoir
à y aller pour des activités indispensables à
la vie du bord.
· La cuisine doit être utilisable par tous les temps,
donc dans la moitié arrière du bateau et en forme
de L ou de U pour pouvoir se caler efficacement. L'évier
doit être proche du centre pour rester utilisable à
la gîte. Elle doit avoir des plans de travail avec des fargues
efficaces pour poser assiettes et plats. Les cuisines des voiliers
de série ont trop tendance à avoir des rangements
accessibles par le haut qui rendent inutilisable le plan de travail.
La boite à pain est bien appréciable. Il faut prévoir
la possibilité de mettre des filets pour stocker les fruits
sans qu'ils s'abîment. Tous les instruments doivent être
intelligemment rangés et bloqués pour éviter
de faire du bruit. Les tiroirs sont biens pratiques pour les couverts
et autres ustensiles.
· Le carré ne sert qu'a lire allongé, parfois
à manger par beau temps au portant. Il doit être un
refuge pour s'évader un peu du monde liquide qui nous entoure.
Il n'est pas nécessaire d'avoir de grandes ouvertures sur
l'extérieur et c'est parfois bien agréable d'écouter
de la musique ou de se plonger dans un livre sans voir la mer.
· Le cabinet de toilette doit être utilisable quelque
soit l'état de la mer. Une bonne toilette à l'eau
douce a un effet très défatigant. On peut aussi se
laver dans la cuisine.
· Pour dormir lorsque l'on n'est pas de quart, il faut s'isoler
suffisamment, pour pouvoir se déshabiller, s'installer chaudement
et être protégé des bruits. Il faut toujours
pouvoir sortir très vite de sa couchette pour une manuvre
imprévue, un incident ou un accident. (collision, incendie).
Les couchettes les plus confortables sont dans les parties arrières
et le plus bas possible. (Dans les conditions de gros temps le mieux
est de dormir sur les planchers.)
· Le moteur et la zone mécanique doit être bien
accessible et l'on doit pouvoir intervenir tout autour même
dans des conditions inconfortables. Le presse étoupe où
le joint tournant et le système de barre à roue avec
drosses doivent être surveillés régulièrement.
· Les fonds du bateau sont un excellents endroits pour stocker
les conserves et le ravitaillement lourd, eau en bouteille, lait,
etc. Il faut que les planchers soient bien conçus avec si
possible un verrouillage et que l'eau des fonds ne stagne pas mais
revienne dans un puisard. Leur nettoyage doit se faire facilement
et il ne doit pas y avoir de recoin inaccessible (pourriture et
mauvaise odeur). Un piège à miettes, sable ou poussières
est bien pratique pour l'entretien des planchers.
Au mouillage :
Espace, lumière, ventilation, clarté sont les qualités
à privilégier. De nombreux panneaux et hublots bien
disposés, s'ouvrant intelligemment pour capter la moindre
risée permettent de faire un courant d'air dans le bateau.
Les couleurs sombres et les boiseries foncées sont peu agréables.
Si l'on reçoit des amis, il est préférable
que chacun puisse s'isoler suffisamment pour garder un peu d'intimité,
une cabine d'invité digne de ce nom est bien appréciable.
Pour le reste la vie est surtout dehors. Les tauds sont très
importants, le bimini idéal pour naviguer est souvent insuffisant
au mouillage. Il faut couvrir en partie le pont pour que les capots
puissent rester ouverts et avoir un retour de chaque coté
du cockpit pour le protéger des d'averses. (Plusieurs fois
par jour aux Antilles).
Le cockpit est la pièce à vivre. L'inclinaison et
la hauteur des hiloires doit permettre de se tenir assis sans fatiguer.
La table doit être solide, repliable pour permettre de circuler
aisément, suffisamment grande pour que tout l'équipage
y prenne les repas. L'accès à la plage arrière
et à la jupe doit être facile et sans risque de glisser
avec les pieds mouillés.
Le type de bateau :
Beaucoup d'options sont possibles :
· Dériveur : pas indispensable en Méditerranée
et aux Antilles.
Avantages : Super en Bretagne et dans le pacifique, bien appréciable
aux Bahamas et en Amérique du sud. Très stables au
portant, plus confortables à la mer, ils sont réputés
pour avoir des mouvements plus doux. Ils risquent moins d'être
mis au tapis dans le gros temps.
Inconvénient : mécanique plus sophistiquée
et faillible, coût plus élevé, entretien important.
Aluminium ou contre plaqué epoxy obligatoires.
· Quillard : simple, solide et sure. Beaucoup de models sur
le marché. Choisir un bateau de portant avec des formes arrières
épanouies, bien stable, planante. Au long court on ne fait
pas de près, sauf pour une courte distance et l'on n'hésite
pas à s'aider du moteur.
· Déplacement : une préférence pour
le mi lourd ou le léger, plus marin et moins physiques. Par
contre supporte moins bien la charge.
· Taille : le confort à partir de 10 m, les difficultés
physique à partir de 13-14 m. Tout dépend du budget.
Ne pas oublier qu'en vieillissant les forces physiques et la résistance
vont en diminuant.
· Materiau :
Polyester : on en trouve de tous les types et de toutes les tailles.
Ils sont solides s'ils sont bien construit et demandent un minium
d'entretien.
Inconvénients : osmose, fragilité au choc (il y a
de plus en plus d'histoire de container percuté). Les bateaux
travaillent beaucoup et posent des problèmes d'étanchéité
en vieillissant, parfois même de structure au niveau des varangues
de quille ou des cadènes.
Un bateau d'occasion devra faire l'objet d'un examen minutieux de
toutes les zones structurelles et il faudra bien connaître
son passé.
Aluminium : certainement très bien mais cher. Nécessite
un entretien régulier et des équipements électriques
irréprochables. Sur les unités d'occasion il faudra
rechercher les points d'électrolyse et inspecter les soudures
des pièces à forte contrainte : aileron de safran,
système de dérive, cadènes, varangues, fixation
du lest, tube de jeaumière, tube d'arbre d'hélice.
Il faudra se renseigner sur la technique utilisée pour maintenir
le lest. Si le plomb est directement au contact de la quille ou
des fonds du bateau, il faut impérativement une étanchéité
parfaite pour interdire toute infiltration d'eau qui provoque un
effet pile entre ces deux matériaux au dépend de l'alu.
J'ai vu plusieurs bateaux construits par Pouvreau ou Garcia obligés
de changer la quille ou de refaire des pièces de coque à
cause de ce phénomène, au bout d'une quinzaine d'années.
C'est certainement le meilleur pour les dériveurs.
Acier : solide à toute épreuve. Gros entretien mais
pas difficile surtout si l'on vit à bord. Déplacement
lourd obligatoire. Il n'est certainement pas aisé de trouver
une unité en très bonne état et bien aménagée.
Il faut pouvoir facilement visiter tous les fonds du bateau. Les
emménagements doivent être démontables. Il ne
doit pas y avoir de partie métallique masquée par
du bois surtout sur le pont, les points de ragages doivent être
protégés par des platines en inox.
Bois époxy : beau et sympathique, entretien important, permet
différents types de bateau et des déplacements légers.
Je n'ai pas d'expérience. Vieillissement ? Bateau assez sonore
?
Les équipements :
· Electronique : GPS et radar pour la veille. Anémomètre,
intéressant pour étalonner la voilure et toujours
garder les marges de sécurité.
· Pilote : électrique, le plus efficace mais consommateur
et tombe en panne. aérien, ne demande que l'énergie
du vent mais suit ses variations de cap et barre certainement moins
bien. Encombre la plage arrière.
· Froid : En traversée, permet de conserver les poissons
pêchés et des denrées fraîches une semaine.
Très agréable au mouillage et en escale. Deux systèmes
existent : - Le compresseur électrique régulé
par un thermo-régulateur. Ce dernier est souvent source d'ennui
et le compresseur tourne plus qu'il ne devrait. Il faut faire un
bilan de la consommation pour produire l'électricité
consommée.
- Avec compresseur attelé au moteur. Le système est
plus simple est beaucoup plus fiable mais il nécessite de
faire deux fois ½ heure de moteur par jour. Ce n'est pas
forcément un problème .
· Eau sous pression, bien agréable en escale mais
la consommation est parfois difficile à contrôler ;
demande de produire de l'énergie ; Permet d'avoir une douche
chaude avec un ballon branché sur le circuit de refroidissement
du moteur (1/2 heure de moteur suffit).
· La production d'électricité : Il faut faire
un bilan du nombre d'ampères que l'on va consommer par jour.
Il faut impérativement produire ce que l'on consomme et le
plus régulièrement possible.
Le frigo est souvent le plus gourmand. Le pilote vient en second,
l'électronique du bord en troisième, surtout s'il
y a un radar, l'éclairage et l'eau sous pression en dernier.
Si l'on a choisi un frigo électrique, il faudra impérativement
faire du courant en permanence. L'éolienne fonctionne bien
à partie de 10 à 15 N de vent. Au mouillage dans les
alizés pas de problème, mais souvent un mouillage
venté est mal abrité. En mer elle perd beaucoup de
rendement au portant. les panneaux solaires sont efficaces aux heures
de culmination et perdent très vite du rendement dès
que le soleil baisse sur l'horizon. En navigation, l'alternateur
d'arbre est très efficace à partir de 5 nuds
( 5 A en continu), mais il fait un peu de bruit et provoque une
usure des joints d'étanchéité de l'arbre et
accessoirement de l'inverseur.
Pour compléter il reste le moteur du bateau. Il sera préférable
d'équiper l'alternateur d'un système de régulation
électronique permettant de délivrer plus rapidement
la quantité de courant nécessaire à charger
les batteries et d'un répartiteur sans perte. En général
les systèmes montés en série sont du même
type que ceux utilisés pour l'automobile, ce qui ne correspond
pas à l'utilisation que l'on en fait sur un bateau ; ils
chargent beaucoup trop lentement et avec un très mauvais
rendement.
Si l'on a choisi un groupe froid attelé au moteur, une heure
de moteur par jour avec un bon système de régulation
de charge vont apporter une grande quantité d'ampères
et une éolienne ou un panneau solaire suffira à entretenir
la batterie " servitude " pour étaler la consommation
du pilote sans être obligé d'avoir une capacité
de batterie trop importante.
· La radio : Etre radioamateur est certainement un plus.
Cela permet d'avoir des correspondants partout et de trafiquer avec
des appareils de faible puissance et peu consommateur. Mais il faut
passer la licence et avoir une affinité forte pour ce type
d'activité qui occupe quand même beaucoup. C'est bien
en traversée, moins bien en escale. La CB est très
aléatoire mais permet des contacts parfois surprenant. Cela
demande une grande patience. La BLU fonctionne grâce à
Monaco radio et garde ses lettres de noblesse, les postes sont plus
chers et plus consommateurs que ceux des radioamateurs. Les standards
satellites sont encore très chers à l'achat et à
l'utilisation mais les versions type mini M qui permettent d'envoyer
et de recevoir des Mails me paraissent très séduisantes.
Question de budget !
· L'ordinateur : bien sur ! ! trouver la bonne machine alimentée
sur 12 v qui résistera à l'humidité et à
un prix abordable ne doit pas être facile. Quel bonheur de
se promener sur la cartographie électronique, d'interfacer
avec le GPS et de naviguer comme dans un jeu vidéo. Indispensable
pour écrire des Mails, gérer les paramètres
du bord, la réserve de nourriture etc.. et écrire
ses mémoires.
· La motorisation : fondamental au long court. Doit être
l'objet de tous les soins. Le moteur est très largement utilisés
et parfois dans des conditions extrêmes. Il faut une bonne
réserve de puissance pour se sortir de situations périlleuses
comme franchir une barre à la sortie d'un fleuve avec le
vent dans le nez ou s'éloigner au vent d'une côte par
gros temps, ou encore repêcher un homme à la mer dans
la tempête.
Le moteur accuse rapidement la vétusté et les mauvais
traitements.
Il faut avoir une installation irréprochable et parfaitement
insonorisée, les longs bords au moteur ne sont pas rares,
pour remonter un fleuve ou naviguer sur des canaux, ou simplement
pour remonter le vent un jour où l'on ne souhaite pas traîner
en mer.
Une autonomie d'une centaine d'heure est un minimum. (Nous avons
fait quatre-vingts heures de moteur, sur 17 jours, pour traverser
l'atlantique, avec la traversée du pot au noir.)
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Enfin pour donner un ordre d'idée, Barnabé nous
a coûté en 1987 environ 500 000 F. Nous avions acheté
la coque nue chez Garcia en 1984 135 000 F et avons réalisé
entièrement nous même les emménagements et la
pose des équipements, ce qui a représenté au
moins quatre mille heures de travail en tout
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